L’Iran, le bilan

Il est temps de faire un petit bilan de notre séjour en Iran. L’adjectif qui me vient à l’esprit c’est : magique.

Il faut être honnête, quand Simon m’a parlé de visiter l’Iran pendant la préparation du voyage, je n’étais pas vraiment emballée. J’avais peur, je n’avais pas envie de porter le voile, j’étais anxieuse à l’idée que les hommes puissent complètement m’ignorer. Bref, ça partait mal.

Et puis après presque deux mois passés sur place, je suis presque tombée amoureuse du pays.

Nous avons traversé des paysages très variés : déserts, plages, montagnes, vallées, etc. Les villes sont plutôt jolies. Les marchés sont vivants et on y trouve tout et n’importe quoi. Les mosquées sont pleines de magnifiques couleurs.

On a vraiment adoré la cuisine persane. C’est varié et bien meilleur que ce qu’on a pu manger auparavant 🙂

C’est le premier pays que l’on traverse dans lequel les toilettes publiques sont gratuites ! Ça peut sembler anodin, mais vu que nous n’utilisons pas les toilettes du camping-car, on a trouvé ça appréciable. D’ailleurs, les toilettes gratuites iraniennes sont plus propres que les toilettes payantes que l’on a utilisées dans bien d’autres pays ! Il y a toujours de l’eau et du savon. Pas besoin de papier, les Iraniens se servent d’une petite douchette …

On savait que les gens sont accueillants. Ça nous faisait d’ailleurs un peu peur. Comme cette fois où l’on s’est fait encerclé par un groupe de vingt lycéennes hystériques pinceuses de joues (des enfants) … Mais heureusement, nous avons réussi à trouver le bon équilibre. Nous avons vraiment vécu de bons moments avec les gens chez qui nous sommes allés. Nous avons sans doute vexé ceux chez qui nous avons refusé d’aller, mais il est impossible d’accepter toutes les invitations. Par contre, ça a toujours été compliqué d’expliquer que l’on préfère dormir dans le camping-car que chez les gens. Pour nous, ça tombe sous le sens, c’est notre maison, les enfants y ont leurs repères et on s’y sent bien. Les gens que l’on a rencontré ne s’imaginent pas que l’on puisse vivre dans sa voiture ! Malgré tout, on a toujours dormi dans le camping-car, excepté une tentative à Mashad où les enfants, et donc nous, avons très mal dormi.

On a apprécié discuter avec les gens, à propos de la politique du pays. Ça nous a appris pas mal de choses que l’on ignorait. Tous ceux que l’on a rencontré sont contre le système politique, en particulier les lois imposées par l’Islam. Cependant, personne n’a le droit de se plaindre. Les manifestations sont très encadrées, sortir du cadre peut conduire à une peine de mort. Les critiques se font donc discrètes, en privé, à la maison.

Il faut dire que la monnaie a énormément perdu. En moins de deux ans le coût de la vie s’est trouvé multiplié par deux, du paquet de chips à la voiture. Certains ont mis ça sur le dos des sanctions imposées par les États-Unis. D’autres sont plus réservés à ce sujet. Une conséquence directe, dans les villes, la présence de nombreux immeubles dont la construction est mise en standby : le prix actuel des matériaux fait que casiment personne ne pourrait acheter ces appartements une fois terminés.

Il doit y avoir de nouvelles élections dans deux ans. Cependant, le gouvernement n’a pas vraiment de poids face aux ayatollahs. Et de toute façon, les candidats sont soigneusement choisis par les ayatollahs. Pour reprendre les termes qu’on a entendu, les citoyens ont donc le choix entre “le pire et le moins pire”. Leur seul espoir réside dans l’abstention, de façon à ce que l’élection soit invalidée si l’abstention est trop élevée. Les Iraniens ne veulent pas une nouvelle révolution qui affaiblirait leur pays déjà “pauvre”. Et encore moins de violence qui donnerait une excuse aux autorités étrangères pour investir le pays et mettre la main sur les ressources naturelles …

On a beaucoup entendu parler des “gilets jaunes”. Lorsqu’on disait qu’on est français, c’est souvent ce qui ressortait. Honteusement, on n’est pas au courant de tout ce qui se passe dans notre propre pays. Mais les Iraniens semblaient très intéressés et inquiets. On s’est d’abord étonnés que des images de révolte soient diffusées sur les télés iraniennes. Mais on nous a alors expliqué que le gouvernement utilisait ces images pour montrer qu’il y avait des problèmes aussi à l’étranger et que finalement l’Iran était un pays de calme et de paix. Les gens avec qui on en a parlé ont surtout retenu qu’ailleurs, il est possible de se mobiliser et de manifester librement.

Il y a bien entendu quelques points négatifs. À commencer par le port du voile. Je ne comprends pas comment font les mères iraniennes pour le supporter. Le mien tombait en permanence, quand il était dans le porte-bébé, Mathis prenait un malin plaisir à tirer dessus, aller aux toilettes avec sans le faire tomber par terre relève du miracle. Bref, je suis bien contente d’en avoir fini avec !

On ne sait pas trop si c’est calqué sur les horaires de prière ou pas, mais la plupart des magasins sont fermés entre 13h et 17h ! On s’est retrouvé plusieurs fois dans des bazars entièrement vides. De la même façon, le vendredi, la ville est vraiment morte. On est loin du débat sur le travail le dimanche !

J’ai gardé le pire pour la fin : la conduite ! Les routes sont en très bon état. Mais si les Iraniens sont chaleureux et accueillants à pieds, ils sont dangereux, inconscients et odieux au volant. Dans toutes les villes que nous avons traversées, la circulation est très dense. Le marquage au sol ne sert à rien, chacun est libre de créer sa propre voie. On n’a pas vu un seul clignotant. Inutile d’espérer changer de voie quand on s’est trompé, personne ne laisse passer. Il nous aura fallu un accrochage pour comprendre que dans un rond-point, les voitures arrivant de la droite sont prioritaires. Et il ne fait pas bon non plus être piéton, même sur les passages-piéton il faut brûler un cierge puis s’échauffer au sprint avant de traverser.

Si les routes sont en bon état, on ne peut pas dire que les échangeurs soient pratiques. On a souvent regardé avec circonspection la trajectoire que le GPS nous affichait. On a régulièrement dû faire demi-tour sur l’autoroute …

Côté ravitaillement, ça n’a pas toujours été facile. Il y a d’abord le problème du diesel qui est soumis à une carte de restriction. Carte que l’on ne possède pas. Certaines stations en ont, pour les autres, il faut demander à un camionneur de nous prêter la sienne. Selon les stations, la règle sur les tarifs varie et il faut parfois marchander. On s’est vu offrir quelques litres, on a payé le tarif normal (0,03$/litre) mais on a aussi payé un peu plus cher, parfois le double voir le triple. Bon, on restait dans des tarifs plus qu’abordables, de 1,5$ à 3$ le plein …

Dans certaines stations, nous avons été très bien accueillis mais nous avons aussi été refoulés de manière très agressive.

Pour le gaz, il y a des gars sur le bord de la route qui remplissent de bouteille à bouteille. Mais ce n’est pas adapté aux grosses bouteilles 13 kg. Du coup, on a cherché des stations GPL. On a trouvé quand on a eu besoin mais c’est de plus en plus rare car le GPL est remplacé par du méthane.

Du côté de l’eau, c’est beaucoup plus simple. Bien souvent, il suffit de chercher une mosquée pour trouver un robinet. Par contre, on s’est fait avoir sur l’île de Qeshm. On a rempli dans les toilettes publiques, sauf que c’était de l’eau légèrement salée. Pas terrible à boire, même avec le filtre !

Enfin le bilan financier est clairement bon, notamment grâce au taux de change du marché noir particulièrement intéressant pour nous. Avec un budget de 650€ pour cinquante et un jours, on est en dessous de ce qu’on a fait jusqu’à présent. Pourtant, avec l’anniversaire de Mathis et Noël, la partie cadeaux a bien augmenté. Largement compensé par le prix de l’essence, on a dépensé environ 40€ pour parcourir 3000 kilomètres ! C’est bien la première fois que l’essence n’est pas un des postes les plus importants …

Assez représentatif, les visites nous ont coûté globalement assez cher. Pourtant, on n’a pas fait d’excès. Mais les entrées des musées ou mosquées ne sont pas données.

Et puis bien entendu, notre petit accrochage à Téhéran qui nous a coûté (relativement) cher au final.

DépensePourcentage
Alimentation33%
Visas25%
Visites9,5%
Cadeaux/souvenirs9%
Entretien du véhicule6%
Essence5%
Accrochage3,5%
Téléphone2%
Vêtements1,5%
Gaz1%
Parking<1%
Électronique<1%
Beauté<1%
Papeterie<1%
Pharmacie<1%

Pour conclure, on peut dire que l’on a adoré les paysages (le climat, clément au mois de décembre) et les gens. C’est un vrai coup de cœur pour moi. Une destination que l’on recommande chaudement !

7 thoughts on “L’Iran, le bilan

  1. Merci pour ce très long article et pour les infos « politiques » sur le pays.
    Côté coût de la vie, faut le faire, dépenser si peu à quatre plus le véhicule. Le prix de l’essence fait rêver.

  2. Dire que l’on a failli venir vous voir mais trop compliqué à organiser au vu des plannings de tes sœurs et Noël ?
    Destination à garder en mémoire, on ne sait jamais !

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