Mer d’Aral

Depuis Boukhara, nous traversons le désert pour atteindre Nukus. Le désert Kyzyl Kum (“sable rouge”) est partagé entre le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan. Il est reconnu pour être le 16eme plus  grand désert du monde. Il abrite visiblement des dépôts d’or et de gaz naturel. En effet, le long de notre route, on croise quelques exploitation de gaz On s’arrête pour un premier bivouac. Hanaé s’inquiète : “maman, on peut mourir dans ce désert ?”. Ça met dans l’ambiance. Bon, on a de l’eau et du gaz. On passe la nuit sans soucis, ouf !

Le lendemain, nous assistons toutes les deux à un très beau levé de soleil. C’est magique. Nous reprenons la route. Nous roulons toute la journée. Nous nous arrêtons à environ 60 kilomètres de Nukus. Il fait nuit, les phares n’éclairent pas bien …

Dernier jour de route. Nous nous arrêtons à Nukus pour prendre de l’eau et de l’essence. Le gasoil est très cher, mais on n’a pas trop le choix. On ne trouve pas mieux … On arrive à Moynaq en début d’après-midi. Moynaq était autrefois un gros port de pêche. À présent, la ville se trouve à environ 200 kilomètres de la mer !

La mer d’Aral est partagée entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. À partir de 1918, les autorités russes procèdent au détournement de ses principaux affluents afin d’irriguer des zones désertiques de l’Ouzbékistan pour y implanter des rizières et des champs de coton. C’est dans les années 1960 que les économistes soviétiques décident d’intensifier la culture du coton et de ce fait, provoquent l’assèchement de la mer. Depuis 1960, la mer d’Aral a perdu 75 % de sa surface, 14 mètres de profondeur et 90 % de son volume. La salinité a augmenté, provoquant la disparition d’une majeure partie des espèces de poissons y vivant.

Nous descendons vers le cimetière de bateaux pour prendre le goûter. Nous passons un petit moment à explorer les bateaux rouillés. Mais il fait franchement froid. Alors on retourne au chaud dans le camping-car dès que le soleil se cache.

Le lendemain, en repartant vers Moynaq, on fait un tour vers la conserverie de poissons. Elle est complètement détruite. Mais on a comme l’impression qu’ils essaient de faire des travaux pour en faire quelque chose … Le guide parle de Moynaq comme d’une ville fantôme. Ce n’est pas du tout l’impression que nous en avons eu. On trouve des bâtiments presque neufs, du monde dans les rues, etc.

Il nous a fallu du temps pour atteindre Moynaq. C’est un gros détour mais on ne regrette pas. Difficile de s’imaginer qu’il y avait la mer à cet endroit. On voit bien au niveau du mémorial les falaises, on trouve encore beaucoup de coquillages dans le sable. Mais avec le sable et la végétation (plantes du désert aride), on a juste l’impression d’être dans le désert !

Les autorités kazakhes font des efforts pour faire remonter le niveau de l’eau de leur côté. Ainsi, en 1995, une digue de vingt-deux kilomètres constituée de sable et de roseaux a été construite. Elle a permis de faire remonter légèrement le niveau de la “petite mer d’Aral”. Malheureusement, la digue, trop fragile, a été détruite en 1999 par une tempête.

En 2003, la banque mondiale a financé le barrage en béton de Kokaral. Projet qui a de nouveau fait remonter le niveau de la petite mer, mais qui condamne potentiellement la grande mer à un assèchement plus rapide.

Côté Ouzbékistan, rien n’est fait pour sauver la mer. Les eaux de l’Amou-Daria sont toujours utilisée pour l’irrigation des champs de coton. C’est pourquoi, le débit du fleuve à l’entrée de ce qui reste de la mer, est très faible, voire nul. Le coton reste la culture principale en Karakalpakstan. Cependant, les sols sont saturés en sel et très appauvris. Le rendement est donc faible. Le gouvernement contrôle les prix (bas bien entendu). Les agriculteurs n’ont donc pas les moyens d’acheter des machines ou d’embaucher de la main d’œuvre. Ils n’ont pas non plus la possibilité de varier les cultures ou de se tourner vers les fruits. L’état fait en sorte que la culture du coton reste reine. Il existe une pratique gouvernementale obligeant fonctionnaires et écoliers à travailler dans les champs de coton en automne. Cela a valu un boycott des produits en coton ouzbek par les géants occidentaux de la distribution. La situation ne semble pas avoir bougé pour autant puisqu’en 2012, l’Environmental Justice Foundation et Anti-Slavery International ont constaté que le travail forcé des enfants perdurait !

Le lit asséché de la mer offre d’importantes réserves de gaz et de pétrole. Malheureusement, seuls les investisseurs chinois profitent de cette manne.

4 thoughts on “Mer d’Aral

    1. Ouais, en fait je me suis un peu laissée emballer. Tout est relatif, on l’a payé beaucoup plus cher qu’ailleurs dans le pays, soit 0,60€ …

  1. L’assèchement du lac a également provoqué une concentration importante de pesticide sur les sols (pesticides qui étaient utilisés pour la culture intensive du coton). Une conséquence directe pour la population de cette région est la 1iere place sur le podium du taux de mortalité infantile et de cancers !

    L’assèchement du lac à également profondément changé le climat local: plus de régulation de température grâce à l’eau donc les étés sont plus sec et les hivers plus rudes. Les changements de températures engendrent des vents forts et des tempêtes de sables qui dispersent le sel (et les pesticides) sur les terres alentours accentuant encore les effets de la sécheresse sur les cultures et les élevages.

    Un bel exploit de l’Homme réalisé en l’espace de 40ans seulement !!

  2. On commence à voir le même problème avec le lac Baïkal du fait de la pollution et les répercussions sur le climat de la région…. il faut essayé de rester optimiste !

    A part ça, je vois que vous vous êtes clonés !

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